[dropcap]L[/dropcap]undi 30 juin en milieu d’après midi, le Président de la République, Professeur Alpha Condé, a inauguré les locaux de la Commission Provisoire de Réflexion sur la Réconciliation Nationale (CPRN). Le Grand Imam de la Mosquée Fayçal, Elhadj Mamadou Saliou Camara ainsi que l’Archevêque de Conakry, Monseigneur Vincent Coulibaly, Coprésidents de la Commission Provisoire étaient présents. Ils étaient accompagnés par Mme Metsi Makhetha, Directrice pays du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ainsi que des membres du Gouvernement et de la Communauté internationale.
Cet évènement d’ampleur nationale marque le démarrage effectif des activités de la seconde phase du processus de Réconciliation nationale en Guinée. Au cours de cette phase, des prières seront faites et des espaces d’écoute aménagés, au sein desquels tous les Guinéens seront consultés afin de baliser la voie de la Réconciliation nationale.
« La Guinée est promise à un bel avenir. Mais à force de douleurs et de rancœurs, notre passé est devenu un handicap. Nous ne pouvons pas construire notre avenir en faisant taire notre passé. Le passé est déjà dans notre héritage, nous ne pouvons pas le renier, nous devons l’assumer pour qu’il devienne par le biais de la critique une source de leçons positives pour l’avenir » a déclaré le Président Alpha Condé. Il a salué la démarche proposée par les deux chefs religieux chargés d’encadrer le processus, « la Réconciliation des Guinéennes et Guinéens avec leur passé, la Réconciliation des Guinéennes et Guinéens entre eux, la Réconciliation des Guinéennes et des Guinéens avec les évènements douloureux vécus et subis, la Réconciliation des différentes versions de la vérité sur l’histoire de la Guinée qui sont des conditions fondamentales pour la construction de la Nation » a souhaité le Chef de l’État.
Le Grand Imam, Elhadj Mamadou Saliou Camara et l’Archevêque de Conakry Monseigneur Vincent Coulibaly ont été nommés à la tête de la Commission Provisoire en août 2011. L’autorité morale et spirituelle qu’ils incarnent devrait permettre de ressouder les liens des différentes communautés. Depuis 2011, les deux Présidents de la CPRN ont pris connaissance des méthodes de conduite des processus de justice transitionnelle. Ils ont effectué des voyages d’études au Rwanda et au Ghana pour s’informer sur les questions liées à la Réconciliation nationale. Les deux chefs religieux ont également pris part à des ateliers de partage d’expériences sur les enjeux et défis d’un processus de Réconciliation nationale organisés par les Nations Unies en collaboration avec l’OIF et OSIWA.
Forte de cette expérience la CPRN a élaboré un projet de consultations à l’échelle nationale pour écouter les populations sur leur vision de la conduite du processus de Réconciliation nationale. Ce projet bénéficie de l’accompagnement du PNUD, du Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme (HCDH) et reçoit le financement du Fonds de Consolidation de la Paix (PBF). Les Coprésidents ont expliqué leur mission, « il s’agira de prier pour que Dieu ait raison de nos résistances, rancunes, haines, mépris réciproques, préjugés et désirs de vengeance (…) des discussions seront également organisées avec les groupes de victimes des différents évènements pour écouter et répondre aux attentes particulières de chacun. »
Mme Metsi Makhetha, a souligné que le processus de réconciliation « passe par plusieurs étapes qui peuvent se révéler des opportunités (…) tout comme elles peuvent constituer un dilemme ». « A chaque obstacle qui survient, il existe une opportunité pour aller de l’avant » a-t-elle poursuivi. Elle a cité en exemple « le Timor Oriental, le Cambodge, en Asie, le Chili en Amérique du Sud et en Afrique, le Rwanda, le Burundi et l’Afrique du Sud », des pays où le processus de réconciliation est en bonne voie « grâce à la sincérité et la détermination de tout un peuple ».
Peacebuilding Fund