Une nouvelle association de journalistes est née. Son nom, Alternative Guinée-Espace Citoyen. Avec pour objectifs, contribuer à la protection et à l’élargissement de l’espace de citoyenneté, œuvrer à l’éveil de conscience et au renforcement de la culture démocratique en Guinée, promouvoir l’éclosion de la liberté, lutter contre toutes les formes de discrimination et contribuer à l’épanouissement des jeunes.
Pour le lancement de ses activités, Alternative Guinée a publié le rapport préliminaire d’une enquête réalisée sur la problématique de l’emploi dans les médias privés en Guinée, le cas de Conakry plus spécifiquement.
Dans un document de 9 pages consulté par notre rédaction, les rapporteurs déplorent que la profession de journaliste autrefois gratifiante est beaucoup moins dans les faits, notamment pour les jeunes générations de journalistes, frappées par le sous-emploi et la précarité. L’absence de contrat de travail, l’abus des contrats dérogatoires ou l’emploi de plus en plus de pigistes, voire du nouveau statut d’auto-entrepreneur s’installe avec toutes leurs conséquences à la fois sur la qualité du travail et l’avenir du métier, peut-on lire dans le rapport rendu public vendredi à la maison de la presse.
A travers cette enquête, Alternative Guinée-Espace Citoyen a voulu comprendre les raisons profondes de la précarité de l’emploi dans les médias privés et la problématique de la liberté de la presse. Pour réaliser l’enquête, un questionnaire a été adressé à 150 journalistes et 50 patrons de presse, tous du secteur privé.
A Conakry, l’enquête a touché 140 employés de presse Selon les rapporteurs, les journalistes rencontrés ont une tranche d’âge de 24 à 50 ans avec une expérience professionnelle qui varie entre 6 mois et 10 ans.
De cette étude réalisée du 16 au 30 avril 2014, il ressort que 31 personnes enquêtées ont un contrat de travail avec leur employeur. 107 sur les 140 n’ont pas de contrat, soit un taux de 77,53%. Deux journalistes n’ont pas daigné répondre à cette question. Et sur les 31 personnes disposant d’un contrat de travail, 25 d’entre elles affirment que les termes de leurs contrats ne sont pas respectés. Ce qui dénote une violation grave du Code du travail de la part des patrons de presse, mentionne le rapport.
Sur la question des salaires, 52 employés sur 122 affirment avoir un salaire en dessous du Salaire minimum interprofessionnel garanti (moins de 440 000 GNF). 23 autres journalistes reconnaissent de pas avoir un traitement salarial. Tandis que 31 professionnels des médias ont confié aux enquêteurs que leur rémunération mensuelle varie entre 500 000 et 1 000 000 GNF et 16 autres soutiennent toucher entre 1 000 000 et 2 000 000 GNF comme revenu mensuel.
Cependant, selon toujours le rapport préliminaire, l’ensemble des personnes enquêtées affirment qu’elles perçoivent difficilement l’intégralité de leurs salaires ou des montants promis. Certains affirment qu’ils ne reçoivent pas le salaire équivalent au montant consigné dans les contrats ou le montant correspondant à l’engagement pris par l’employeur. Une dernière catégorie ne perçoit aucune forme de rémunération quand bien même disposant de contrats.
Pour joindre les deux bouts, 30 % des journalistes disent être contraints de travailler pour plus de deux organes de presse. Ce qui a un impact sur la qualité de leurs productions journalistes, selon Alternative Guinée- Espace Citoyen dont les responsables annoncent que le rapport final de l’enquête sur l’emploi dans les médias privés sera rendu public dans les prochaines semaines. Un rapport qui va sans doute accabler les patrons de presse.
Boussouriou BAH, pour VisionGuinee.Info
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Une belle initiative! Malheureusement, la précarité des journalistes est un gros handicap pour une meilleure gouvernance. En ce qui concerne l’enquête, il aurait été intéressant de savoir la méthodologie employée.