[dropcap]L'[/dropcap]incurie de la gouvernance en Guinée fait connaître à notre pays la plus grave crise de son histoire sociopolitique. 

Depuis six mois que dure la contestation du changement constitutionnel voulu par le Chef de l’Etat pour s’assurer une présidence à vie, que de vies perdues, que de biens saccagés, que de temps d’apprentissage sacrifié pour les élèves et étudiants, que de coups portés à l’économie nationale, que d’énergie perdue, que de retard pris sur le développement, que de stress aux conséquences sanitaires graves, bref que de gâchis pour le pays ?

Face aux menaces et violences qui s’enchaînent et se développent, et qui semblent prendre le dessus sur la raison ; et au regard de la démission quasi-générale des acteurs impliqués, une responsabilité particulière doit être questionnée. C’est celle des Forces de Défense et de Sécurité en raison des lourdes pertes en vies humaines causées par la répression violente des manifestations de rue.

Les Forces de Défense et de Sécurité se considèrent être au service de l’autorité civile dont elles exécutent les ordres. Très bonne chose en effet que le maintien d’ordre pour autant qu’il assure la sécurité et la quiétude des populations.

Cependant, une chose est à savoir. Tout pouvoir a tendance à faire dans l’excès. Et celui de notre pays en particulier, de par sa volonté injustifiée d’imposer une nouvelle constitution au pays, viole les droits humains élémentaires des citoyens et s’inscrit manifestement dans l’illégalité.

A cet égard, les agents de maintien d’ordre ne sont pas tenus d’obéir à leurs ordres. De ce point de vue, chaque policier, chaque gendarme et chaque militaire commis au maintien d’ordre est individuellement comptable des actes qu’il pose sur le terrain. Chacun est tenu responsable devant l’histoire et devant Dieu.

Frères des Forces de Défense et de Sécurité, prenez garde de ce que les hommes sont témoins de ce vous faites et Dieu vous  observe.

Chaque personne est rétribuée en fonction de ses actions bonnes ou mauvaises. Il est peut-être possible d’échapper au jugement des hommes mais jamais à celui de Dieu. Que chacun prenne garde à soi.

Elhadj Sény Facinet SYLLA
Ex Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses