[dropcap]C[/dropcap]omme à l’habitude, le ballet traditionnel pour le partage du butin est déjà en cours à Conakry.  Sans aucune surprise les soi-disant représentants des partis[1] politiques affutent déjà leurs arguments pour être autour de la table de conversation.

Ils veulent définir les contours et suggérer les personnes qui doivent participer à la définition des paramètres de la transition. Ce qui est surprenant, c’est de voir des individus qui, deux semaines auparavant, mouillaient le maillot pour l’équipe qui vient d’être balayée de notre scène politique.

Ce retournement subite et suspicieux a été clairement dénoncé, à juste titre, par Elhadj Sekhouna Soumah quand il a déclaré de ne pas donner la parole aux promoteurs du 3ème mandat qui nous ont menés dans ce chaos.

« Constitution chiffon », ça vous dit quelque chose ? « Le Front National pour la Défense de Constitution est mort », écrivait un autre ! « Le peuple a choisi », disait un conseiller. « Je soutiens mon grand frère au détriment de ma femme. Attendez votre tour », hurlait un mécène. Préserver l’intégrité physique de toute personne est essentielle sauf Roger Bamba (paix à son âme).

Nous ne pouvons pas recycler les mêmes vautours autour de la table. Les dés sont jetés, certains ont joué leurs cartes. Nous ne pouvons pas faire la rebelote. Nous nous connaissons tous. Le pays n’a pas besoin des caméléons qui changent de couleurs avec toutes les saisons.

Une partie de l’élite présente à Conakry semble ne pas être consciente du dénombrement ridicule des partis politiques en existence dans le pays.  Selon les dernières données sur la population Guinéenne, le pays compte environ 13 millions[2] d’habitants dont 7 millions sont des enfants de moins de 18 ans. Nous n’avons pas besoin d’Albert Einstein pour comprendre que 6 millions de personnes majeures sont représentées par 200 ou plus de parti politique. Quelle folie ! Si ces partis pèsent d’un poids égal dans l’échiquier politique Guinéen chaque formation aura environ 30,000 militants, ce qui est loin d’être le cas.

Le CNRD doit mettre fin à cette dance inutile en réduisant la représentation des partis politiques à un nombre restreint de quatre ou cinq groupes. Ces partis n’ont qu’à s’organiser et se constituer en alliance (dont ils détermineront les critères) pour présenter leurs suggestions dans le débat national. Il en va de même pour les différentes composantes de la société civile.

Quant à la durée de la transition, seuls les objectifs que fixera le peuple Guinéen détermineront la décision finale. Voulons-nous refondre les institutions du pays ? Débattre de quelle sorte de constitution nous voulons nous munir ? Déterminer les critères de sélection des femmes et hommes qui vont gérer notre nation dans le futur ? Décider de ce que vous devons faire de l’ancienne équipe dirigeante ? Faire prévaloir un état de droit ? Ou voulons-nous tout simplement organiser une ou des élections pour passer le témoin ? Toutes ces questions sont importantes et requièrent des réponses muries et sérieuses.

Le CNRD doit exiger obligatoirement aux futurs personnes qui accepteront à l’aider pour cette transition, de faire la déclaration de leurs biens et la présentation de leur documents soumis au fisc pour un minimum des cinq années précédentes s’ils ont vécu ou vivent à l’étranger. Le ton doit être donner dès le départ que notre pays n’est pas une vache laitière.

Nous ne pouvons pas rater cette nouvelle chance pour notre nation. Patriotisme oblige !

Prêt à servir, pas pour se servir !

Dr Ablo Bah
Professeur de Sociologie
Columbia, MO USA

[1] https://worldpopulationreview.com/countries/guinea-population
[2] https://population.un.org/wpp/DataQuery/