La transition en cours en Guinée est un pas dans la lutte que le peuple mène depuis des décennies. Elle n’est pas une finalité mais une étape cruciale d’un processus continu. 

Le combat entamé par le peuple de Guinée depuis les années 90 n’a toujours pas connu son épilogue. Les revendications sont nombreuses et tournent principalement autour de la démocratie, du respect des droits humains, l’amélioration des conditions de vie des populations, la redistribution équitable des ressources, la justice, l’emploi pour les jeunes, l’éducation, la santé, la sécurité, les infrastructures etc. 

L’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles reste un défis majeur tant au niveau local qu’au niveau national. Les guinéens ont toujours l’impression que les résultats des différents votes ne reflètent toujours pas le verdict des urnes. A cela s’ajoute une série de violations des droits humains pendant ces élections. Des pratiques peu orthodoxes ont provoqué des frustrations chez la plupart des citoyens qui ne se reconnaissent plus aux pouvoirs publics. 

Il y a toujours de la méfiance entre les civils et les militaires à cause du passé assez douloureux qui le caractérise. Les régimes de Lansana Conté et de Dadis Camara ont laissé au peuple un sentiment d’insécurité vis-à-vis de la gestion des hommes en uniforme. 

Beaucoup de sacrifices ont été consentis ces dernières décennies par les guinéens pour la satisfaction de ces revendications. De centaines voire des milliers de citoyens ont perdu la vie. D’autres restent handicapés à vie, sans compter la destruction des biens publics et privés qui résultent de ces luttes pour une meilleure gouvernance et la satisfaction des besoins fondamentaux des populations. 

Malgré leurs insuffisances, les élections organisées de 2010 à maintenant et même le coup d’Etat qui a ouvert cette transition sont le fruit de cette lutte. Etouffer cette lutte est incompréhensible dans la mesure où les revendications restent encore globalement insatisfaites et de nombreuses victimes ne sont pas rétablies dans leur droit. 

Abandonner la lutte aujourd’hui sous quelque prétexte que ce soit, reviendrait à trahir la mémoire de tous ceux qui ont donné leurs vies, leurs libertés, leur honneur et leur dignité pour la bonne gouvernance et le développement socio-économique. 

Personne n’a le droit de détourner la lutte du peuple qui doit continuer jusqu’à la satisfaction des revendications légitimes et donc la restauration de l’honneur et de la dignité des guinéens. Ceux qui estiment incarner le changement mieux que d’autres doivent savoir que certains ont donné leurs vies pour cela et faire preuve d’humilité et d’ouverture vis-à-vis des forces vives sans lesquels aucun progrès durable ne peut être envisagé. Il y va de la stabilité du pays et de la sous-région, de l’avenir de la guinée et de la satisfaction des aspirations profondes des guinéens. 

Le retour à l’ordre constitutionnel reste la priorité. Les réformes engagées sont certes salutaires et sont à encourager mais dans le respect des droits humains et des libertés fondamentales. Oui au changement et non à la dictature. 

Boubacar DIENG