[dropcap]L[/dropcap]a célébration tournante des festivités de la commémoration de l’accession du pays à l’indépendance le 2 octobre se fait depuis 3 ans dans les villes de l’intérieur du pays. C’est la préfecture de Boké qui a ouvert le bal en 2012. Ensuite, est venue celle de Nzérékoré en 2013.
Cette année, c’est au tour de la préfecture de Mamou d’abriter ces festivités qui consacrent la commémoration de l’an 56 de l’avènement de la Guinée à la souveraineté nationale.
Instituée par les autorités actuelles du pays, cette délocalisation de la fête du 2 octobre donne à la ville carrefour cette année, le privilège, à l’image de ses prédécesseurs et de celles qui la suivront, de bénéficier de plusieurs infrastructures ; contribuant ainsi au développement local.
Mais à moins d’un mois de cet anniversaire devant réunir des milliers de Guinéens venus d’horizons divers, la propagation de la fièvre hémorragique à virus Ebola se fait de plus belle. Plusieurs préfectures du pays sont aujourd’hui touchées par l’épidémie. La dernière en lice est celle de Coyah où les autorités sanitaires ont dénombré plusieurs cas avérés en début de semaine. La chaine de contamination est donc loin d’être maitrisée. Et malgré la déclaration par le président Alpha Condé de l’Etat d’urgence sanitaire, le transport d’un corps sans vie d’une localité à une autre reste une réalité invincible. A cela, s’ajoute le refus par des populations d’observer les règles d’hygiène édictées par les voix les plus autorités.
Mais en décidant de l’Etat d’urgence sanitaire, Alpha Condé qui, il y a quelques mois, banalisait (pourtant) la maladie, ne semble pas rassurer les citoyens qu’il avait d’ailleurs renforcés dans leur idéologie, selon laquelle Ebola serait un faux-débat pour dérouter le peuple de l‘essentiel, et qui assimilent l’épidémie à de simples intoxications pour des fins politiques.
Des rumeurs faisant état de propagation de l’épidémie de l’Ebola n’ont-elles pas conduit à des émeutes populaires jeudi dernier à Nzérékoré, suite à la pulvérisation annoncée des lieux publics ? La psychose est grande chez les uns, et l’est moins chez les autres. C’est dans ces circonstances donc que l’on s’achemine vers Mamou pour célébrer le « Non » au Référendum Gaulliste de 1958.
Pour nombre d’observateurs, toutes les périodes sont mieux indiquées pour faire cette fête. Mais, estiment-ils, rassembler pendant des jours, les populations venues de plusieurs cieux, c’est contribuer à la propagation du virus mortel. Ils sollicitent le report de cette commémoration pour d’abord chercher à juguler le mal qui a désormais ses ramifications dans plusieurs pays de la sous-région et même au-delà. Cet avis sera-t-il partagé par le pouvoir de Conakry ? La question se trouve sur bien des lèvres qui doivent aller le savoir auprès des porteurs de boubous amidonnés à Sèkhoutouréya.
Mady Bangoura pour VisionGuinee.Info
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