Au regard de la configuration démographique de notre pays, l’emploi des jeunes est une question centrale qui mérite toute l’attention de nos décideurs. Bien plus qu’une profession de foi aux relents électoralistes et démagogiques, il s’agit de cerner avec objectivité tous les paramètres de la problématique de l’emploi des jeunes.
Ne dit-on pas que la jeunesse est l’avenir d’un pays? Pour ce qui nous concerne, s’il est établi que notre jeunesse constitue près de la moitié de la population, il va s’en dire que la formulation de toutes les politiques de développement devra impérativement tenir compte de cette réalité. Un impératif qui ne se traduit pas encore dans la mise en œuvre des différents programmes de développement du pays.
Le contexte
L’analyse de la problématique de l’emploi des jeunes nous conduit à jeter un regard critique sur le conteste qui prévaut depuis un peu plus de deux décennies. Pour prétendre à un emploi décent et rémunérateur, il faut faire prévaloir d’aptitudes sur le marché de l’emploi. En plus ce marché doit pouvoir absorber les milliers de demandeurs d’emplois. Ce raisonnement suscite de prime abord, une série d’observations :
Le processus de formation en cours chez nous, qui privilégie l’enseignement supérieur au détriment de la formation technique et professionnelle pénalise fortement l’absorption des demandeurs d’emplois.
La gestion chaotique du fichier de la fonction publique ne facilite guère le renouvellement des générations. Des agents de l’administration qui devraient faire valoir leurs droits au départ à la retraite sont encore maintenus dans les effectifs. Dans ces conditions, comment promouvoir l’emploi des jeunes?
Tant que la formation ne sera pas en adéquation avec les besoins réels du marché de l’emploi, il est évident que le taux de chômage sera en perpétuelle croissance.
La forte politisation des jeunes désoeuvrés, qui par la force des choses deviennent un vivier pour les politiciens en mal d’agitation constitue un facteur bloquant pour toute mesure visant à intégrer les jeunes dans le processus de production.
L’absence de structures comme le Centre national d’orientation scolaire et professionnelle, la chambre des métiers, les centres d’apprentissage et d’artisanat, etc., ne facilitent guère la qualification des jeunes incapables de poursuivre les études supérieures.
Ce descriptif, loin d’être exhaustif mais assez révélateur de la situation qui prévaut dans notre pays permet de mesurer l’ampleur de la tâche qui incombe à nos décideurs.
De ce qui précède, il est aisé de faire esquisse des orientations à prendre :
– Repenser progressivement le système d’enseignement. Il s’agit de promouvoir l’enseignement technique et professionnel. Autrement dit, par des mesures hardies et sans à-coups, inverser la tendance actuelle. En tant que pays en développement, nous avons beaucoup plus besoin d’agents de développement que de bureaucrates. Et pour se faire, adapter les besoins de formation tous cycles confondus aux besoins du marché.
Ces mesures et bien d’autres à moyen terme sont susceptibles de résoudre dans une large mesure la problématique de l’emploi des jeunes dans notre pays.
Thierno Saïdou DIAKITE
Consultant du Magazine Vision-jeunes