Le CNRD doit se ressaisir pendant qu’il est encore temps
Kouma Lafôlô Kouma[1] : « les maîtres de la parole ». Le défilé des “experts” juridiques devant le tribunal médiatique guinéen continue de bon train. Des individus peu versés dans les questions légales sont au front de la bataille du CRIEF en train d’émettre des opinions sur la conduite que certains personnes doivent observer face à la « justice ».
Pire, des politiciens de seconde trempe, à la recherche d’une visibilité sociale, font office de juge en déclinant cahin-caha ce qu’ils considèrent la démarche requise et acceptable dans les requêtes de la CRIEF.
Cependant, ces individus qui vocifèrent çà et là, auraient dû se rappeler de l’observation de Honoré de Balzac dans Père Goriot : « Il est toujours supposé par les têtes vides, qui bavardent sur eux-mêmes faute de mieux, que les gens qui ne discutent pas ouvertement de leurs affaires doivent avoir quelque chose à cacher. »
Où est la déontologie coutumière de réfléchir avant d’avancer une opinion sur une question dont les contours nous échappent ? Pourquoi être pressé de se prononcer sur des questions pendantes devant un tribunal ? Où est la réserve qui sied à ne pas faire un commentaire comme le disent si bien les Anglophones : NO COMMENT !
Actuellement en Guinée, à la place de la justice, nous avons de faiseurs d’opinion qui se font passer pour des boussoles. Ils crient à Hu et Dia chaque jour devant un parterre de journalistes. Ils sont disponibles par téléphone pour donner des avis superficiels et des versions des faits qui sont loin de la réalité.
Comme j’avais indiqué auparavant, « le danger potentiel des assises nationales de virer en un forum de mise en accusation de certain individus est un très grand risque à prendre.» [2] Je pense que la situation actuelle support mon observation d’alors. C’est comme si ceux qui ont choisi de boycotter les assises nationales sont en train de payer pour leur « impertinence ».
Cependant, l’histoire nous enseigne que les chefs qui n’écoutent que leurs courtisans finissent par se détacher de la réalité avec les conséquences nocives que cet état de chose apporte à leur pouvoir et à l’équilibre de leur pays. Le CNRD doit se ressaisir pendant qu’il est encore temps.
Quant aux « maîtres de la parole », qui envahissent actuellement notre espace médiatique, ils feraient bien de prendre à cœur la maxime de George Eliot : « Heureux est l’homme qui, n’ayant rien à dire, s’abstient de nous donner des preuves verbales du fait qu’il est incapable de comprendre de quoi il parle. »
Pour une Guinée unie et prospère
Prêt à servir pas se servir
Docteur Abdoulaye Bah
Professeur d’Université aux États Unis, Ret.
Ancien chef de Chaire du Département des Sciences Sociales et
Comportementales
Directeur, Centre pour la santé Comportementale et la Résilience
Université de Lincoln
Jefferson City, Missouri USA
Columbia, MO USA
[1] Camara Laye
[2] https://www.visionguinee.info/les-assises-nationales-une-solution-simple-et-fausse/