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Le véritable visage de l’enseignement pré-universitaire Guinéen

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Les examens scolaires nationaux session 2013 sont entrés dans leur phase décisive. Les corrections, ultime étape de cette activité avant la proclamation solennelle des résultats définitifs, se déroulent sous haute surveillance au lycée Donka et au secrétariat des examens aménagé à l’INRAP, dans la commune de Dixinn. 

Notre équipe de reportage y a fait un tour pour voir comment cet ensemble fonctionne et en profiter pour corroborer les informations distillées lors de la visite guidée organisée à l’intention de la presse dont la mission est d’éclairer la lanterne de l’opinion publique sur les tenants et les aboutissants des corrections. Le moins qu’il faut en dire est que le sérieux des lieux et l’atmosphère de travail qui y prévaut contrastent nettement avec les rumeurs malveillantes de la veille. Nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin. Entre les lignes qui vont suivre, nous irons au-delà du compte-rendu factuel pour jeter un regard sur le secteur de l’enseignement en vue d’un état des lieux sans complaisance.   

De la visite guidée …

Au cours de la visite guidée aux allures d’une journée portes ouvertes sur les corrections, le directeur du service des examens et du contrôle scolaire n’a rien caché à son auditoire. Préparation et déroulement des examens ; correction des copies des candidats, travaux de secrétariat et d’autres tâches indispensables, tout y est passé. En tout cas au total, Amadou Diallo n’a pas raté l’occasion de remettre tout le monde en confiance. Des rumeurs de fuites aux examens ou encore de surfacturation des primes des surveillants ont été élégamment battues en brèche par les porte-voix de circonstance du département, sans qu’ils ne soient confondus par quelque question ou quelque enquête de qui que ce soit.

L’héritage était pourtant lourd…

Au demeurant, il y a lieu de rappeler que l’école guinéenne a connu son chemin de croix. Un épisode douloureux qui est en train de se fermer, certes avec difficultés, mais avec beaucoup d’assurance. Naturellement qu’en la matière, la Guinée vient de loin. Quand l’administration du changement s’installait aux commandes du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’éducation civique, avec à sa tête Dr Ibrahima Kourouma, l’héritage était lourd. Des habitudes dégradantes du système scolaire étaient si enracinées qu’on les croyait irréversibles, l’hydre ayant déployé ses tentacules dans tous les segments de la vie sociale. Les élèves habitués à la facilité cédaient presqu’à tout. Absentéisme, abandon scolaire, marchandage de notes, clanisme et violences urbaines. Excusez du peu ! L’encadrement n’était guère sans reproche. Alors qu’il devrait être un vecteur de bonnes mœurs, celui-là arguant parfois de la modicité du traitement salarial qui était le sien se rendait complice d’une corruption généralisée en milieux scolaires, clonant au passage les examens nationaux qui n’étaient plus que de simples foires où les élèves médiocres pouvaient être les plus cotés, à condition qu’ils aient des ascendances nanties. Des responsables d’écoles privées allaient acheter sur ces places boursières de la tricherie des performances que leurs établissements étaient loin  de mériter. Des taux de réussite faussement acquis étaient monnayés en d’importantes demandes d’inscription dans les écoles l’année scolaire suivante. A l’époque, les annonces publicitaires étaient légion sur les ondes des radios et télévisons pour vanter les mérites d’écoles ayant réalisé du 100% aux CEP, BEPC et Bac de l’année écoulée. Histoire d’engranger davantage d’argent. Cet enseignement de masse entretenait un foisonnement extraordinaire d’universités privées qui étaient loin de briller par leur qualité pédagogique. C’était plutôt de juteuses affaires qui avaient des ramifications jusque dans les finances publiques.

Quid des parents d’élèves ?

Beaucoup d’entre eux succombaient à la tentation de venir à la rescousse de leurs rejetons en n’hésitant pas de casser leur tirelire. Toujours prêts à mettre la main à la poche pour acheter des diplômes dont la plupart étaient invalidés dans des universités étrangères qui recevaient nos boursiers. L’école guinéenne était ainsi sacrifiée sur l’autel du gain facile. Inspirant en 2008 à Kozo Zoumanigui, ancien ministre de l’éducation nationale, un cri de cœur que nous reproduisons volontiers dans cette publication. Cela pour qu’on n’ait pas la mémoire courte.

De la méthode Kourouma…

Face à un tableau aussi sombre, le Dr Ibrahima Kourouma, actuel ministre de l’Enseignement Pré-universitaire n’est pas venu avec la potion magique pour soigner le grand malade. Mais il avait son approche à lui qu’il n’a pas tardé à mettre en œuvre. Avec une vision claire de sa mission, l’engagement et le dynamisme de sa jeunesse, il n’a éprouvé aucune difficulté à obtenir la nomination de son cabinet, grâce au décret du chef de l’Etat, son père spirituel en politique. Soit dit en passant, le Pr Condé et Kourouma se sont adoptés dans les souffrances de l’opposition pour qu’ils se connaissent parfaitement bien. Ainsi refusant de tomber dans une quelconque chasse aux sorcières, le ministre a choisi ses collaborateurs sur la base du mérite et de la compétence. Il a aussi choisi comme méthode de travail, l’anticipation et la vigilance. A ce jour, nous pouvons jurer qu’au sein du gouvernement, il a le record de visites de terrains qui l’ont mené dans toutes les préfectures de la Guinée, plus d’une fois. Au bureau, comme sur ses sentiers, le leitmotiv de sa gouvernance n’a pas varié : les innovations, rien que les innovations. Celles-ci auront jalonné toutes les activités du ministère. A partir du moment où il a choisi les examens scolaire nationaux comme moyen d’évaluation par excellence de sa nouvelle stratégie, le ministre y veille comme à la prunelle de ses yeux. Avec lui, pas question d’improviser ces examens. Tout est planifié pour qu’au bout, à défaut de réaliser un sans faute,­ en la matière le risque zéro n’existant pas, une véritable rupture avec les pratiques du passé soit consacrée.

Trois années seulement après, on peut passer au bilan. Un exercice fastidieux au regard de la complexité de la mission de redresser un secteur aussi sensible que celui de l’éducation. De par son caractère transversal, l’organisation des examens scolaires ces trois dernières années n’a certainement laissé personne indifférent, pour que chacun de nous fasse son propre bilan. En tout cas pour beaucoup d’observateurs, ce serait trop sévère de faire un mauvais procès au ministre Kourouma et à son équipe de voir le verre à moitié vide que de le voir à moitié plein. Car cela saute aux yeux que dans l’organisation des examens nationaux les dérapages d’hier sont sans commune mesure avec ce qu’on pourrait appeler les couacs d’aujourd’hui. De nos jours, certes quelques anomalies sont décelées, mais les fuites de sujets et les substitutions à grande échelle comme c’était le cas jadis semblent avoir vécu. Des médias s’en font la gorge chaude sans que la moindre preuve irréfutable ne soit brandie. Chose qui étonne d’ailleurs Amadou Diallo, directeur du service national des examens qui ne comprend pas pourquoi certains ne parlent de fuites qu’après les épreuves plutôt que de le faire avant. Ce qui veut dire que ces révélations sont tout simplement non vérifiées. Mais puisque nous sommes en Guinée, bien des critiques estiment que cela ne doit guère surprendre dans un pays où la frontière entre la rumeur et l’information est très mince.

Au total, tout n’est certes pas parfait dans l’organisation des examens nationaux, en témoignent les cas de glissement et quelques problèmes mineurs de secrétariat au centre de correction survenus lors de la session 2012, mais beaucoup d’efforts ont été faits pour améliorer le processus. Au point de faire de la Guinée, un cas d’école qui commence à inspirer certains pays africains. Récemment une mission togolaise a séjourné dans notre pays pour apprendre de la Guinée l’organisation des examens notamment dans les innovations comme l’identification des candidats. L’exception ne doit donc pas devenir la règle.

Lu dans La Nouvelle Elite N°96

 

 

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