Président de l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG), Bah Oury a été nommé ce mardi 27 fevrier au poste de Premier ministre par le général Mamadi Doumbouya. Pour l’ancien ministre Alhousseiny Makanera, cette nomination est une preuve d’ouverture au moment où la crise sociopolitique s’enlise en Guinée. Entretien…

VisionGuinee : Bah Oury vient d’être nommé Premier ministre. Quelles sont vos impressions ? 

Alhousseiny Makanera : Je commence par féliciter M. Bah Oury. Lui et moi, nous sommes parmi les plus anciens de la classe politique guinéenne. Nous avons commencé le combat ensemble, j’ai failli même laisser ma vie quand il a été arrêté en 1993 par le ministre de la sécurité d’alors Alseny René Gomez. Donc, je ne peux que saluer sa nomination au poste de Premier ministre  et lui adresser mes félicitations. 

Peut-on dire que sa nomination constitue une ouverture ? 

A partir de là, on ne peut pas avoir une idée d’ensemble. J’aurais souhaité attendre jusqu’à la formation totale du gouvernement. Mais on a quand même l’impression que c’est une ouverture, une rupture par rapport à ceux qui disaient que la transition est d’abord économique, sociale et politique. Je pense qu’il y a une rupture par rapport à cette position. D’ailleurs, cela ne veut absolument rien dire.  Parce qu’on ne peut jamais dissocier la politique du social. Le social par excellence, c’est la politique. Je ne sais pas comment on peut faire de l’économie sans la politique. Parce que le gouvernement met en œuvre sa politique chiffrée qui est le budget. Donc, le budget est par excellence politique. Ils ont compris la place centrale des politiques pendant cette transition. 

Bah Oury est nommé Premier ministre au moment où la Guinée fait face à des contestations sociopolitiques. Quelle attitude devrait-il adopter pour désamorcer cette crise ?   

Bah Oury étant un ancien ministre de la réconciliation, sa nomination peut revêtir tout un symbole de réconciliation. Donc, la première option de M. Bah Oury, c’est de décrisper l’atmosphère qui est très lourde. Il s’agit de chercher d’abord à libérer les hommes politiques qui sont en prison, trouver la possibilité pour ceux qui sont en exil forcé de rentrer librement, mettre fin à des injonctions fantaisistes, faire en sorte que l’Etat fonctionne normalement. Nous voulons qu’aucune étape ne soit brulée avant que les gens ne soient devant la justice,  Parce que la justice c’est la dernière étape. Personne n’est contre la réédition des comptes. Mais que cela soit dans un cadre légal. Le fonctionnaire doit être devant la justice, mais sur la base d’un rapport des inspecteurs. Voilà ce que j’attends de M. Bah Oury. 

Beaucoup estiment qu’avec cette nomination, on peut s’attendre à un gouvernement d’union nationale. Votre camp sera-t-il partant s’il est consulté ?

Ça, je ne peux pas le dire parce qu’on ne s’est pas retrouvé pour en discuter. Mais franchement, si ça ne tenait qu’à moi seul, un gouvernement d’union nationale, c’est bien parce qu’on va dire qu’on a associé toutes les couches sociales, politiques et autres. Mais, en réalité, si le chef ne veut pas d’ouverture, même s’il prend dans tous les partis, on aura encore l’image de la CENI antérieure. L’essentiel, c’est que M. Bah Oury et son gouvernement puissent libérer les ondes, les politiques, les manifestations et organiser les élections afin que le CNRD passe la main. L’essentiel n’est pas absolument d’avoir un gouvernement d’union nationale. Je pense que cette transition est vers sa fin, ce n’est pas à reprendre encore. On n’a pas eu in gouvernement d’union nationale au début. Là, il l ne reste même pas un an, pourquoi on va en chercher ?

Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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