[dropcap]P[/dropcap]endant son passage à Paris, très récemment, François Fall déclare à l’Agence France Presse, que l’opposition souhaite que le pays soit ingouvernable, et veut pousser les militaires à prendre le pouvoir. « Mais, précise le ministre, l’armée a subi une reforme bien réussie, elle a rejoint les casernes, elle n’interviendra plus dans la vie politique guinéenne.
Je suis l’une des rares personnes très critiques à l’encontre du pouvoir actuel, à admettre que le président Alpha Condé a échoué dans presque tout, sauf dans un aspect de la reforme de l’armée guinéenne.
Un aspect, je le précise ! Aujourd’hui à Conakry, les militaires ne se promènent plus dans les rues, ou dans les quartiers avec les kalachnikovs en main. C’est une réussite, il faut le reconnaître.
Cependant, dans un autre aspect de la dite reforme, c’est la confusion. Et là, se trouve le danger. Le critère évoqué pour l’administration des différents états-majors de l’armée, repose sur les considérations ethniques. L’ethnie du président s’est bien taillée, de loin, la plus grande partie du gâteau.
Comme vous le voyez, M. le ministre, la reforme de l’armée faite par votre gouvernement n’est pas rassurante. Il y a forcement beaucoup de mécontents dans les rangs de nos forces de sécurité. De la même manière l’opposition se bat, aujourd’hui, pour le respect de l’ordre institutionnel, une bonne partie de l’armée guinéenne attend et, souhaiterait aussi l’émergence d’une réelle reforme dans les structures de commandement des états-majors.
Le fait que l’armée soit dans les casernes, ce n’est pas une raison costaude qu’elle ne renverse pas un pouvoir devenu corrompu, démagogue et, récalcitrant. L’armée n’interviendrait pas pour s’éterniser au pouvoir (le monde devenu rationnel, ce n’est plus possible), mais elle interviendrait pour mettre de l’ordre, et permettre une véritable transition politique, pouvant conclure avec des élections libres et transparentes.
Monsieur le ministre des affaires étrangères !
L’opposition républicaine qui se bat pour que votre gouvernement respecte la constitution, ne souhaite pas que le pays soit ingouvernable, ni veut pousser l’armée à prendre le pouvoir. Elle souhaite l’arbitrage de l’armée. Comme cela s’est impeccablement produit au Burkina Faso.
Naby Laye Camara
Bruxelles