Guinéennes,

Guinéens,

Mes chers compatriotes,

A cet instant solennel où je prends la parole, notre pays est confronté au défi de la démocratie par le refus délibéré du pouvoir d’organiser des élections transparentes et régulières. Mais nous sommes tous animés de l’espoir  que nous parviendrons ensemble à mettre fin au règne de l’arbitraire, de l’injustice, du mensonge. Certes la résistance à une alternance devenue inévitable par la volonté unanime des Guinéens est forte, mais notre peuple est en mouvement pour se libérer de la peur et de l’oppression. Rien, ni personne ne l’arrêtera : Il veut l’alternance, il l’aura !

Chers compatriotes,

Le jeudi , 08 octobre, dans l’après-midi, à la faveur de mon retour d’une longue tournée qui m’a conduit dans la Guinée profonde abritant la majorité silencieuse de nos compatriotes, le peuple de Conakry, notre capitale , s’est mobilisé ,comme jamais dans notre histoire , pour l’alternance,  ici et maintenant. Avant lui, celui de toute la Guinée, dans toute sa diversité nous a réservé à ma délégation et à moi-même un accueil enthousiaste et populaire sans précédent. Debout comme un seul homme, notre peuple du nord au sud, d’est en ouest, de la Guinée maritime à la Forêt en passant par la Haute-guinée sans oublier le Foutah a choisi sans équivoque ni hésitation le changement de régime, l’alternance au sommet de l’Etat.  Pour ce faire, l’UFDG,  solidaire de tous les partis d’opposition avec lesquels nous avons fait campagne, se réjouit d’apparaître pour une majorité de Guinéens comme l’alternative la plus immédiate et la plus crédible au pouvoir actuel. Cependant,  modestes face à la confiance des électeurs et l’adhésion massive de nos compatriotes à nos idéaux, nous sommes conscients que le changement ne sera pas l’œuvre d’un seul homme, ne concerne pas qu’un seul parti politique, mais est l’affaire de tous les Guinéens patriotes et démocrates de l’opposition ou du pouvoir. C’est à eux que je m’adresse aujourd’hui pour sauver la Guinée de la dérive autocratique et décider ensemble de notre avenir que nous devons être libres de choisir.

Mes chers compatriotes,

Vous avez tous subi dans votre chair et votre âme les cinq années du mandat funeste d’Alpha Condé. Vous êtes tous aussi déterminés à lui délivrer un carton rouge à l’occasion de l’élection présidentielle. Il n’y a pas l’ombre d’un doute qu’il sera battu dès le premier tour dans un vote sanction historique en écho à son impopularité chronique et au rejet unanime de son pouvoir clanique et tribal. Si la vague du changement s’est emparée de tout le pays et ne laisse aucun espoir à Alpha Condé d’obtenir un second mandat, je dois dire, qu’il essaie de tout faire pour détourner vos suffrages comme en 2010. Il prétend pouvoir remporter l’élection présidentielle dès le 1er tour en ayant recours comme par le passé encore à la fraude avec la complicité d’une administration dévouée à sa cause et la bienveillance d’une CENI corrompue et incompétente présidée par Bakary Fofana plus militant du pouvoir qu’arbitre d’une compétition électorale régulière et transparente.

Mes chers compatriotes,

Nous avons le choix de refuser de participer à des élections dont les conditions d’organisation indiquent clairement le manque de transparence et d’équité. Jusqu’à la veille de l’élection présidentielle et certainement le jour du vote encore, beaucoup de citoyens sont privés de leur droit de vote. Pour la plupart d’entre eux, ils n’ont pas reçu leur carte d’électeur ou ne savent pas où voter. Beaucoup de Guinéens coupables de sympathie pour l’opposition pourraient ne pas exercer leur droit de vote alors que dans les circonscriptions réputées favorables au pouvoir, en plus de la surpopulation électorale, il y a une forte incitation au vote afin de relever le taux de participation. Les autres électeurs sont forcés à l’abstention pour favoriser Alpha Condé qui a perdu la confiance de notre peuple. Donc, cette fois encore, Alpha Condé a décidé d’ignorer le vote des Guinéens, de leur imposer sa volonté de garder le pouvoir par la force et par la fraude.

Nous avons le choix de dire non et de nous opposer au viol flagrant de notre conscience nationale, de nos droits et libertés démocratiques. Nous en avons la volonté, nous en avons la capacité avec votre engagement sans faille et votre détermination constante. Mais nous avons décidé de faire confiance à notre peuple qui, tout au long de notre périple à, travers la Guinée, nous a fait part de sa volonté d’infliger dans les urnes une cuisante défaite à Alpha Condé. C’est ce rejet qui est attendu dans les urnes. Ce serait dommage de ne pas vous offrir l’occasion de montrer à la face du monde qu’Alpha Condé est minoritaire dans notre pays. Je suis convaincu qu’aucune manœuvre d’intimidation, aucune tentative de manipulation des résultats ne modifiera l’option unanime du changement et n’entamera la volonté populaire clairement exprimée en faveur de l’alternance.

Mes chers compatriotes,

Ainsi, malgré le refus de la CENI et des autorités de corriger les nombreuses anomalies et irrégularités qui ont entaché la préparation du scrutin, la mobilisation extraordinaire de l’ensemble des Guinéens et surtout leur soutien très fort à ma candidature commandent d’assumer mes responsabilités politiques. J’ai donc décidé, après concertation avec la direction nationale de l’UFDG et avec les partis alliés, de participer à l’élection présidentielle du 11 octobre 2015.

Quelle joie de voir tant de Guinéens, jeunes, vieux, femmes, hommes, dans chaque coin de la Guinée se rassembler pour entendre la voix du peuple. J’admire le dynamisme dont font preuve tous les citoyens guinéens. Je vous invite donc tout ceux qui n’ont pas encore récupérer leurs cartes d’électeurs à le faire immédiatement pour pouvoir remplir leur devoir citoyen avec la conviction intime que cette fois-ci, que vos suffrages ne seront pas détournés et que votre victoire ne sera pas confisquée. Je sais que le peuple guinéen est préparé à ne pas accepter un hold-up électoral; je veux que vous sachiez que moi non plus. Je suis convaincu que les six autres candidats ne manqueront pas d’assumer leurs responsabilités devant l’Histoire et de travailler pour une alternance démocratique dans une dynamique de solidarité.

Nous prévenons Alpha Condé dès maintenant et la communauté internationale prise à témoin que nous n’accepterons jamais des  résultats qui ne seront pas conformes au choix des électeurs ou ne traduiraient pas la vérité des urnes. Derrière le peuple mobilisé et inflexible, nous nous dresserons tous contre son refus de reconnaître une défaite consommée. La victoire du changement évidente et portée par une majorité de Guinéens qui se font entendre depuis de longues semaines doit être reconnue et acceptée par un pouvoir sans la moindre assise populaire et un président qui n’est plus légitime depuis longtemps.

Peuple de Guinée, ton vote est déjà connu. Tu as choisi l’alternance. Tu dois rester vigilant et surtout rester mobilisé pour défendre ton vote qu’on voudrait détourner aujourd’hui. Je réitère mon refus de résultats prémédités et truqués et demande une nouvelle fois à chaque Guinéen, pour l’histoire et notre avenir à tous, de se lever pour défendre notre démocratie et le vote souverain de notre peuple. La victoire appartient à ceux qui luttent ! Luttons pour gagner !

vive le changement

vive la démocratie

vive le peuple de Guinée

Cellou Dalein Diallo