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Souleymane Traoré, Directeur général de la CBG : ‘’Nous sommes la plus guinéenne des entreprises minières de Guinée’’

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[dropcap]I[/dropcap]l dirige depuis janvier 2017 la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG), leader mondial dans l’industrie de bauxite métallurgique. Souleymane Traoré, puisqu’il s’agit de lui, affirme que la CBG s’aligne à des standards des plus élevés au monde en matière de Santé et Sécurité, et de respect des normes environnementales et sociales, notamment celles de la Société Financière Internationale (SFI).

Dans un entretien, il a expliqué pourquoi la CBG est pionnière dans le développement communautaire et le contenu local et démontre comment sa compagnie est devenue la plus guinéenne des entreprises minières de Guinée. Lisez…

Bonjour M. Souleymane Traoré. Vous êtes le Directeur général de la Compagnie de Bauxite de Guinée (CBG). Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de vous ?

Honnêtement, je ne suis pas très à l’aise pour parler de moi-même. Je suis Directeur général de la CBG depuis janvier 2017. Avant la CBG, j’ai fait carrière dans le secteur pétrolier. J’ai travaillé pendant quatre (4) ans chez ExxonMobil et dix (10) ans chez Total. Chez ExxonMobil, j’ai été Directeur financier. Ensuite, Directeur pays de Mobil Oil Guinée. Puis j’ai rejoint l’équipe de l’Afrique au Moyen-Orient. Après la filiale a été rachetée par Total en Guinée. Je suis revenu pour m’occuper de la fusion en tant que directeur financier, avant de devenir directeur administratif et financier de l’entité fusionnée, c’est-à-dire la nouvelle Total Guinée. Ensuite, j’ai travaillé à Paris comme auditeur senior pendant trois (3) ans. J’ai décidé par la suite de rentrer en Guinée en 2011 comme directeur général adjoint de Total Guinée pendant quatre (4) ans. J’ai été nommé directeur pays de Total Sierra Leone où je suis resté 18 mois à partir de septembre 2015 avant de rejoindre la CBG suite à un appel à candidatures.

Vous disiez ne pas être à l’aise pour parler de vous, la modestie est passée par là, mais je suppose que vous le serez pour nous parler de la CBG…

Vous savez ce dont on nous reproche très souvent et que moi-même j’ai réalisé quand je suis arrivé à la CBG, on dit que nous sommes timides, que la CBG ne fait pas assez de bruit, que nous ne parlons pas. Ce qui est d’une certaine manière, à mon sens, vrai, comme je vous le disait. Quand je prenais fonction et que j’ai découvert ce que c’était la CBG, j’ai vu le contraste qu’il pouvait y avoir entre la perception quand on est dehors de la CBG et quand on est dedans. En tout cas, eu égard à ce que nous sommes et ce que nous représentons pour la Guinée et dans l’industrie de la bauxite à travers le monde, nous ne faisons pas assez, nous sommes très modestes.

Au niveau de la CBG, nous disons que nous faisons plus que de la bauxite et que nous sommes la plus guinéenne des entreprises minières de Guinée (…). Je dirai de façon brève que la CBG est un leader mondial dans l’industrie de la bauxite. Nous avons démarré nos opérations en 1973 et depuis nous avons contribué à plus de 5,2 milliards de dollars aux revenus de l’Etat guinéen. Nous valorisons des mines situées au Nord-Ouest de la République de Guinée, notamment à Sangaredi. Nous produisons plus de 15 millions de tonnes de bauxite de qualité supérieure par an. Les actions de la CBG sont détenues par l’Etat guinéen à hauteur de 49%. Ce qui reste encore une exception dans le paysage même pas seulement bauxitier, je dirai meme le paysage minier en Guinée, voire en Afrique. Le reste est détenu par le consortium Halco à 51% qui est composé d’acteurs internationaux les plus respectés, les plus réputés de l’industrie.

Je voudrais souligner surtout aussi le fait qu’au niveau de la CBG, nous nous alignons à des standards les plus élevés au monde en matière de santé et sécurité et de respect des normes environnementales et sociales, notamment celle de la Société financière internationale ou communément (SFI). Je pense qu’il faut aussi indiquer le fait que depuis 2016, nous avons mobilisé et investi près d’un milliard de dollars dans le plan de modernisation de nos actifs et pour l’extension de nos capacités de production. Nous avons la conviction qu’en produisant une bauxite de qualité utilisée dans diverses industries, nous contribuons au progrès de l’humanité.

Vous savez très souvent, le guinéen lambda se pose la question de savoir quelles sont les retombées, des activités des acteurs miniers majeurs comme la CBG. Qu’est-ce que les guinéens, les communautés locales de Boké gagnent dans l’exploitation de ces ressources ?

C’est une excellente question, je dirai même légitime. Mais tout d’abord au niveau de la CBG, nous ne parlons pas d’exploitation. Nous parlons de valorisation des ressources bauxitiques. J’espère que j’aurais la chance d’aller un peu plus dans les détails sur ce point. Comme vous le dites, la région est l’épicentre de ce que la Guinée regorge comme crème en ressources bauxitiques. Notre pays est très réputé, d’ailleurs, il est parmi les plus riches en ressources naturelles au monde. La Guinée est première réserve mondiale en bauxite avec environ 7 milliards de tonnes de la teneur la plus élevée au monde. Des ressources prouvées représentant 1⁄4 des réserves mondiales. Il y a plus de 2 milliards de minerais de fer de plus haute qualité, environ 40 millions de carats de diamant, d’or et de nombreux autres minéraux précieux.

Mais comme vous le savez, toutes les ressources naturelles, la bauxite par exemple, que vous trouvez dans les plateaux de Sangaredi, si elles ne sont pas mises en valeur ou exploitées comme vous le dites, elles ne servent à rien. Ce n’est que de la latérite rouge. D’où l’importance de la présence d’entreprises minières comme la CBG pour les valoriser, faire en sorte qu’elles servent à quelque chose. La différence se trouve dans les conditions, des approches et des procédures de productions adoptées par les différentes entreprises. La véritable question est là.

Quelles sont les approches de la CBG et surtout les retombées concrètes que les communautés locales tirent de vos activités ?  

En fait tout est lié. C’est pour cela j’ai parlé de procédés, d’approches, voire de philosophie et de culture d’entreprise. Toutefois, je ne pourrais parler que de CBG. Chez nous par exemple, la priorité des priorités est la santé et la sécurité de nos employés et des communautés locales voisines à nos opérations. C’est la pierre angulaire de notre philosophie. Dans ce contexte, pour devenir une entreprise viable comme la CBG, il y a beaucoup étapes à franchir. Il faut être un projet minier d’abord qui passe par la réalisation de ce qu’on appelle des études de pré-faisabilité et de faisabilité et après viennent les travaux de construction, à l’issue desquels, on devient une entreprise en opération. Nous avons passé toutes ces étapes, il y a environ 50 ans. Un des volets importants de ces études-là, c’est ce qu’on appelle études environnementales et sociales. C’est ce qui vous permet de savoir la position et les dispositions que vous devez prendre en matière d’environnement et de communauté. Nous, très tôt au niveau de la CBG, nous avons adoptés des politiques et des normes très élevées en la matière. Ce qui nous a permis d’investir environ 60 millions de dollars en direction des communautés locales ces dernières décennies. Et plus récemment, nous avons mis en place un programme qui nous permet d’investir jusqu’à 2 millions et demi de dollars par an en faveur des communautés. Dans ce domaine, je dois le préciser de passage, nous avons souscrit volontairement aux normes de la Société financière internationale (SFI) qui est d’ailleurs un de nos partenaires. Ces normes font partie des plus élevées au monde en matière des questions environnementales et sociales.

Vous parlez de 2,5 millions de dollars à investir chaque année en faveur des communautés…

Ces fonds, ce n’est pas du cash que nous remettons directement à des individus dans les communautés locales, il faut le préciser. Nous sommes conscients du taux d’analphabétisme ou le niveau d’instruction très modeste des communautés bénéficiaires de nos interventions. C’est pour cela nous travaillons à acheminer nos investissements par le biais de canaux très viables et novateurs, notamment les Activités génératrices de revenus (AGR) et les Groupements d’intérêt économique (GIE). Ces canaux sont des initiatives et projets que nous entreprenons en parfaite concertation et avec une participation active des communautés. Chacune des initiatives comporte un volet important qui porte sur le renforcement des capacités des bénéficiaires. Nous les formons sur les notions de base, des fondamentaux en gestion notamment financières, ceci en vue d’assurer la soutenabilité de nos interventions dont l’objectif ultime est l’autonomisation entière des communautés locales. Comme on le dit, au lieu de donner du poisson à quelqu’un tous les jours, il faut lui apprendre à pêcher. A mon sens, c’est un pilier important du développement durable. Quand il est de type endogène, c’est-à-dire qu’il y ait d’abord une appropriation de la part des communautés et qui partent de la base et non le contraire.

Il est important que les communautés s’approprient de ce que nous initions en leur faveur. C’est ce qui garantit la durabilité et la viabilité de nos interventions. C’est ce à quoi nous nous attelons au niveau de la CBG. Au niveau par exemple, au niveau du corridor Kamsar-Sangarédi jusqu’à Dara Magnaki dans Télimélé en passant par Kolaboui, Tanènè et autres, nous avons favorisé et soutenu la mise en place et l’opérationnalisation de 48 les Groupements d’intérêt économique, composés de de plus 1000 membres dont la majorité sont des femmes et des jeunes.

Cela concrétise ce que vous disiez : la CBG fait plus que de la bauxite

Oui, nous sommes la Compagnie des bauxites de Guinée et nous faisons beaucoup plus que de la bauxite. Est-ce que vous savez que quand nous démarrions nos opérations en août 1973, il y avait combien d’habitants à Sangarédi ou encore à Kamsar ? On parle d’une centaine de personnes. Aujourd’hui, ce sont des centaines de milliers de personnes qui vivent dans ces deux villes et sur le corridor reliant les deux. Sans nul doute que Kamsar et Sangarédi pourraient être dans le top 5 des villes guinéennes d’indice de développement : accès à l’eau, à l’électricité, aux soins de santé et à l’éducation. Ceci en grande partie, c’est grâce à notre présence et à nos activités qui soutiennent directement ou indirectement tout ce beau monde. Parce que nous commencions il n’y avait pas d’activités économiques majeures créatrices d’emplois et de richesses avec tous les effets induits que vous pouvez imaginer. Si prenez par exemple Kamsar qui n’est qu’une sous-préfecture, il y a plus cinq (5) banques de renommées internationales qui sont représentées, des agences d’assurances et d’autres entreprises dans beaucoup de secteurs économiques. Il y a aussi le secteur informel qui foisonne d’activités créatrices de richesses. Ceci sont les retombées directes et indirectes de notre présence. Il faut surtout mentionner les autres acteurs miniers qui nous ont rejoints et dont la plupart ont pu démarrer leurs activités opérationnelles plutôt et sans difficultés et grâce notamment au partenariat que nous avons eu dans l’initiative d’utilisation mutuelle d’infrastructures ferroviaires que nous appelons multi-user. Ces entreprises sont venues trouver que la CBG a déjà fait le soubassement avec tout ce qui est nécessaire à la viabilité, au développement et la mise en opération d’une entreprise minière.

En ce qui concerne les retombées directes aujourd’hui, nous avons environ 2500 employés directs. Ce qui fait de nous l’un des plus grands employeurs, surtout le meilleur du pays et en dehors de l’Etat guinéen avec des conditions très concurrentielles. Les familles de nos employés représentent plus de 15.000 personnes et nous avons plus de 3000 plus sous-traitants. Nous avons investi environ 60 millions de dollars US ces dernières années. Depuis le début de nos opérations, nous avons à hauteur de 5,2 milliards de dollars US aux revenus de l’Etat guinéen. Il y a 10 ans, cela dépassait presque l’ensemble du PIB guinéen. C’est pour cela que nous disons qu’à la CBG, nous faisons plus que de la bauxite.

Vous disiez être la plus guinéenne des entreprises minières, revenez un peu là-dessus ?  

Oui, la plus guinéenne des entreprises minières de Guinée. Depuis 2009, notre directeur général est un guinéen. De passage, nous sommes la première entreprise majeure du pays du calibre de la CBG à avoir un DG guinéen. Plus de 90% des membres de notre de comité de gestion sont des guinéens. Plus de 95% de nos employés sont des guinéens et 100% des employés dans la boucle de nos opérations sont des guinéens. Nous sommes la seule entreprise de notre calibre où l’Etat guinéen détient environ 50% des actions. 65% des revenus générés par la CBG reviennent à l’Etat guinéen. La valeur totale en dollars américains des contrats que nous avons attribués aux entreprises guinéennes s’élève à 145 millions de dollars ces dernières années. C’est pour toutes ces raisons que nous disons avec fierté que nous, la CBG, nous sommes la plus guinéenne des entreprises minières de Guinée.

Il ne me reste qu’à vous remercier Monsieur le Directeur général.

C’est à moi de vous remercier !

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