[dropcap]T[/dropcap]ous les discours d’Alpha Condé, alors opposant, soutenaient que le principe clef qui définit un gouvernement démocratique, c’est la représentation basée sur des élections compétitives, transparentes, libres et propres.
Aujourd’hui président de la république, Alpha Condé ignore, sabote et manipule les institutions et les pratiques démocratiques. Dans ce contexte de paradoxe d’idées et de faits, l’homme du RPG Arc-en-ciel cherche à convaincre les guinéens afin qu’il puisse bénéficier un second mandat présidentiel. Un problème, ou une quadrature du cercle qui ne se résoudra pas facilement, ou même jamais.
En théorie, donc en envisageant la question de démocratie d’une manière abstraite, Alpha Condé-opposant avait raison face au régime autoritaire de Lansana Conté. Mais en pratique, en fait dans l’exécution des principes démocratiques, le président Alpha Condé doit des excuses au général-président.
Autrement dit, rien ne différencie les pratiques politiques actuelles à celles d’il y a vingt (20) ans. Si Lansana Conté est resté toujours sombre et flou dans le traitement des dossiers liés à la transparence des élections, Alpha Condé non plus ne peut se frotter les mains.
Rappelons-nous ! En 1993, à quelques mois seulement du scrutin présidentiel, la télévision guinéenne (RTG), dans son journal télévisé, avait diffusé un meeting grandiose de Lansana Conté à Labé. Les opposants (Alpha Condé, Bah Mamadou, Siradou Diallo, Mansour Kaba) avaient accusé l’organe public de manipulation et de trucage d’images au profit du chef de l’Etat. Aissatou Bella Diallo qui dirigeait la rédaction du journal télévisé à l’époque, avait réagi en directe dans une édition spéciale, démentant les accusations avec des preuves palpables que les images de Labé n’étaient pas truquées.
Des critiques de l’opposition ciblaient aussi Lansana Conté qui entamait des déplacements à l’intérieur du pays, en précampagne avec les moyens de l’Etat.
Maintenant revenons en 2015. A presque 30 jours de l’échéance électorale du 11 octobre, Alpha Condé est en précampagne à l’intérieur du pays avec tous les moyens de l’Etat. La RTG, en première ligne, remue terre et ciel pour la réélection du leader du RPG Arc-en-ciel.
Pourtant, le leader du RPG avait juré de localiser la RTG à la place qu’elle mérite de droit, s’il accédait au pouvoir. Mais après cinq ans d’exercice, Alpha Condé semble bien apprécier le rôle de l’organe public d’information tel qu’il était dans les régimes précédents.
Notons que si rien ne différencie les pratiques politiques actuelles d’il y a vingt (20) an, il faut reconnaître que le général-président bénéficiait une popularité remarquable. Alpha Condé n’en bénéficie pas. Lansana Conté n’avait pas, en son temps, son égal en popularité. Aujourd’hui, Alpha Condé n’est pas plus populaire que Cellou Dalein Diallo. Il ne l’est pas non plus face à Sidya Touré ou Dadis Camara.
Dans ces conditions, n’est-ce pas que le choix pour des élections compétitives, transparentes, libres et propres serait plus judicieux pour le scrutin du 11 octobre prochain ? Car, dit-on, il est plus difficile de voler dans la rareté que dans l’abondance, sans attirer des attentions. Autrement dit, un président sortant impopulaire peut difficilement tricher des données électorales en sa faveur sans s’attirer des ennuis.
En se hasardant à tricher les élections du 11 octobre prochain, le président Alpha Condé se ferait attirer de gros ennuis. Des ennuis ou de la pagaille qui risquerait de l’écarter de la politique à jamais.
Les patriotes et républicains dans les Forces Armées guinéennes n’en diraient pas mieux.
Naby Laye Camara
Bruxelles
Il fall ain’t dire lessentiel