[dropcap]T[/dropcap]eintée d’irrégularités procédurales depuis le début, l’affaire Ministère Public contre Seydouba Sylla et complices poursuivis pour détention, circulation et commercialisation de pièces d’ivoires sculptés dans la sous-préfecture de Kamsar a connu enfin son épilogue ce mercredi 21 mars 2018 au Tribunal de première instance(TPI) de Boké. Les trois prévenus ont écopé des peines d’emprisonnement ferme.
L’affaire remonte au 13 janvier 2018 où M. Seydouba Sylla a été pris en flagrant délit de détention, circulation et commercialisation de 9 colliers d’ivoires et 4 bracelets sculptés en ivoire dans la sous préfecture de Kamsar. Des trophées provenant d’espèces animales intégralement protégées en l’occurrence l’éléphant qui est de nos jours dangereusement menacé d’extinction en Afrique et dans le monde si rien n’est fait.
Dans ce dossier M. Sylla Seydouba a dénoncé certains complices comme M. Kaba et M. Kaboul, tous des citoyens de la sous-préfecture de Kamsar et qui selon lui, seraient ses potentiels fournisseurs qui alimenteraient le commerce international de trophées d’espèces animales intégralement protégées dans cette localité.
Ainsi, bon nombre d’observateurs se demanderait comment le Parquet ayant délivré des convocations contre les deux complices n’a pas pu faire comparaitre ces présumés trafiquants soupçonnés être le cerveau de ce commerce illégal en violation flagrante de toutes les lois y afférentes. Pourtant, le parquet de Boké avait rassuré que les deux complices précités ont bel et bien reçu les dites convocations, mais en vain.
Pire, le Ministère public du tribunal de première instance(TPI) de Boké qui n’est d’ailleurs pas à sa toute première fois, a pu programmer précédemment les audiences sur cette importante affaire préoccupante d’ailleurs la communauté internationale sans pour autant informer ni les parties prenantes, en l’occurrence l’avocat représentant le Ministère de l’Environnement constitué partie civile tel que prévus par les textes de loi.
Pour rappel, la Guinée est membre signataire de la Convention de Washington, appelée aussi CITES (Convention internationale sur le commerce des espèces de la faune et de la flore sauvage menacée d’extinction), au sein de laquelle d’ailleurs elle est entrain de subir sa sanction depuis mars 2013, présentée comme une plaque tournante de la criminalité faunique en Afrique de l’ouest.
C’est grâce à l’intervention pointue de l’avocat de la partie civile, lors de la seconde audience que l’avocat du Ministère de tutelle a pu obtenir la réouverture des débats et défendre les intérêts de l’Etat guinéen et ainsi solliciter auprès du tribunal les réclamations de la partie civile sur les dommages et intérêts causés au département.
Ainsi, dans son délibéré du mercredi 21 mars 2018 et à l’absence des potentiels responsables du crime faunique à répétition dans la région de Boké, le tribunal a retenu M.Seydouba Sylla, les nommés Kaba et Kaboul, tous sculpteurs à Kamsar dans les liens de culpabilité pour les délits de détention, circulation et commercialisation de trophées d’ivoires sculptés provenant d’espèce animale intégralement protégée par le code de faune et règlementation de la chasse mais aussi par la Convention de Washington.
Pour la répression, le tribunal condamne M. Seydouba Sylla à 2 mois de prison ferme et 40.000 GNF d’amende. Quant à M. Kaba et M. Kaboul, les deux écopent une condamnation de 6 mois de prison ferme par défaut et 60.000 GNF d’amende chacun. Sur l’action civile, le tribunal condamne les trois prévenus au paiement solidaire d’un montant de 50.000.000 GNF à titre de dommages et intérêts au compte du Ministère de l’Environnement et des Eaux et Forêts.
De nos jours, la communauté internationale et les ONG militant dans la lutte contre la criminalité faunique s’inquiètent de la manière dont les choses se passent quand bien même que les sanctions peu dissuasives continuent à être infligées aux trafiquants. Ce qui, au regard de certains observateurs, peut avoir un impact négatif dans la levée de la sanction de la CITES qui pèse sur la Guinée depuis 2013.
A rappeler que le commerce illégal d’espèces sauvages est un crime organisé transnational. Il occupe le 4ème rang du commerce illicite dans le monde, amassant des bénéfices illicites d’environ 20 milliards de dollars chaque année.
Fatou KOUROUMA