Récemment, j’ai lu une déclaration du premier vice-président (suspendu) de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, M. Bah Oury. Il affirme que « Cellou Dalein Diallo a échoué » en le suspendant du parti.
En principe, l’échec c’est le fait de ne pas réussir, de ne pas obtenir quelque chose. L’échec à un examen. L’échec à l’école. L’échec d’une négociation. L’échec aux élections. Le but cherché n’est pas atteint. Il y a l’idée d’une préparation, d’une attente.
Cependant, dans le conflit qui secoue actuellement le parti UFDG, il est aisé de comprendre que ni Cellou Dalein Diallo ni la direction de l’UFDG avait planifié la sanction contre M. Bah Oury. Dans le bon sens, il est inimaginable que le président du parti ait voulu et programmé une telle action.
Parler de l’échec dans cet ordre d’idée, c’est bien émettre un jugement inadéquat. Dans un esprit de compétition, on s’attend soit à une victoire, soit à l’échec. Mais à l’absence de compétions, on ne peut pas parler ni d’échec, ni de victoire. Il n’y a aucune action. Il n’y a ni vaincu, ni vainqueur.
Le désaccord entre M. Cellou Dalein et M. Bah Oury, peut être perçu sous un autre angle comme l’expression d’une victoire démocratique.
« Il n’est pire eau que l’eau qui dort », dit le proverbe. Un parti politique vit et se nourrit des discussions, des débats, des critiques, et des préjugés. Des sanctions, des suspensions, des démissions. Quoi de plus normal ! Nous ne voyons pas les choses de la même manière, donc nous ne pouvons pas penser de la même manière. Vouloir faire taire le débat, c’est aller à l’encontre du naturel.
Bien évidemment, la discussion dans une procédure légale, définie par les acteurs. S’il y a sanction, c’est parce que les règlements le prévoient. On suspend pour mettre quelqu’un à l’ordre. On ne suspend pas pour le plaisir, mais pour le bien de l’institution politique.
La récente décision du parti UFDG contre M. Bah Oury, n’a rien à avoir avec la dictature ni de l’autoritarisme. La structure politique du parti en veut ainsi. Ce n’est pas étonnant.
Les partis politiques des démocraties actuelles, montrent différents types d’organisation interne. Par exemple, aux ÉtatsUnis, le parti Démocrate et le parti Républicain sont décentralisés, et ont des organisations séparées dans chacun des 50 États. Chaque parti a un comité national, mais ces microstructures s’occupent principalement de collecter des fonds. Ils participent moins à la formulation des politiques du parti sur des questions d’intérêt général. Dans ces partis, il n’y a pas de leader reconnu par toutes les bases, à qui on peut attribuer la responsabilité de définir les directives du parti sur des questions spécifiques. Les candidats individuels sont libres de collecter des fonds pour leurs campagnes électorales. Ils sont libres d’exprimer leurs propres positions sur des questions politiques.
Par contre, dans la majorité des pays européens, les partis politiques possèdent une structure pyramidale. En France par exemple ( la France dont nous héritons tout ), le parti Socialiste comme le parti de la Droite sont plus centralisés et hiérarchisés que les partis Démocrate et Républicain. La Gauche et la Droite ont chacune un siège national qui s’occupe des questions politiques et de la collecte des fonds. Les candidats individuels sont soumis à la Discipline du parti. C’est-à-dire, ils ont moins de liberté pour contourner la Ligne officielle du parti.
Je dis bien, nous héritons tout de la France. En France comme en Espagne, les sanctions et suspensions sont monnaie courante dans les partis politiques. Est-ce une contradiction, vu que ces pays font partie des grandes nations de la démocratie? En aucun cas. Les directives sont des directives. Elles doivent être respectées.
Dans la gestion d’une nation, politiquement parlant, l’étape du changement est souvent difficile et compliquée. On doit abandonner l’habituel pour un nouveau décor. Changer ses habitudes pour s’adapter à une nouvelle situation. Une démarche bien possible, surtout et lorsque la raison est notre principal guide.
Naby Laye Camara
Bruxelles