Chaque année, des milliers de jeunes guinéens se préparent avec acharnement pour affronter les épreuves nationales, qui représentent un moment clé de leur parcours scolaire. Ces examens déterminent leur passage dans la classe supérieure ou leur accès à l’enseignement supérieur.
Malheureusement, certains d’entre eux sont confrontés à des circonstances telles qu’une maladie ou un accouchement et se voient privés de la possibilité de repasser les épreuves. Cela signifie une année scolaire perdue, des heures de préparation et d’études sans parler des frais que les parents investissent pour assurer l’éducation de leurs enfants. Une réalité où le destin d’un élève, construit au fil de mois d’études acharnées, peut être balayé en un instant à cause d’un événement incontrôlable et qui échappe à la volonté.
Cette semaine, on apprenait qu’à Kankan[1] une candidate a failli accoucher dans la salle d’examen pendant l’épreuve du BEPC et qu’à Fria[2], une autre candidate au BEPC qui venait d’accoucher au lieu de se reposer, de prendre soin de son nouveau-né et de se remettre d’un événement aussi difficile et éprouvant qu’un accouchement, a décidé de retourner en classe pour poursuivre son examen.
Ces tragiques et récurrentes histoires sont un triste rappel des pressions auxquelles sont confrontés les candidats et candidates aux examens. Il y a certainement beaucoup d’autres histoires de la sorte qui n’ont pas été médiatisées. En tant que citoyenne soucieuse de l’égalité des chances et du droit à l’éducation pour tous, je trouve ces situations profondément tristes et injustes.
Comment le ministère de l’éducation, le gouvernement et tous les décideurs concernés peuvent-ils accepter qu’une circonstance aussi extraordinaire qu’une naissance ou une maladie vienne anéantir les efforts et l’avenir des jeunes ?
Il est impératif de braquer les projecteurs sur cette triste et injuste réalité qui touche les élèves de notre pays. Des circonstances aussi exceptionnelles ne devraient pas condamner les élèves à l’échec, c’est pourquoi, il est crucial de prendre en compte les circonstances individuelles de chaque candidat et d’évaluer leur mérite sur la base de leur réel potentiel, plutôt que de les pénaliser pour des facteurs extérieurs sur lesquels ils n’ont aucun contrôle.
Dans la lutte que mène le gouvernement actuel pour moderniser l’éducation, prévenir la fraude et récompenser le mérite, une autre forme d’innovation avec un grand impact résiderait dans la mise en place de mécanismes garantissant une véritable égalité des chances.
Par ailleurs, la Guinée pourrait faire comme chez beaucoup de ses homologues africains (Sénégal, Burkina Faso, Maroc, etc.) et accorder le droit au rattrapage des épreuves pour les élèves qui ont été confrontés à des situations incontrôlables. Par exemple, certains pays offrent des sessions spéciales d’examen pour les élèves qui n’ont pas pu passer les épreuves régulières en raison de circonstances exceptionnelles. Ces sessions de rattrapage permettent aux élèves de démontrer leurs compétences et de ne pas être pénalisés pour des événements hors de leur contrôle.
Ce serait important que la Guinée emboîte le pas en adoptant une approche similaire afin de garantir l’équité et l’égalité des chances pour tous les élèves. En adoptant le droit au rattrapage des épreuves nationales, le gouvernement actuel enverrait un message fort : celui de son engagement envers l’équité et l’égalité des chances pour tous les jeunes du pays. Cela montrerait que la société guinéenne valorise l’effort et le mérite, tout en reconnaissant que chaque individu mérite une seconde chance lorsque des circonstances indépendantes de sa volonté l’ont pénalisé.
Il est temps d’en finir avec ces récurrentes situations, où des rêves sont sacrifiés sur l’autel d’un système éducatif rigide qui ne laisse pas la place à la seconde chance. Notre jeunesse mérite un avenir prometteur, où chaque élève est soutenu et encouragé à atteindre son plein potentiel.
Je vous invite à signer la pétition[3] mise en ligne pour le droit aux rattrapages aux examens et envoyons un message fort aux autorités compétentes. Cette cause doit devenir celle de tous les Guinéens, qu’ils soient ici ou ailleurs. Faisons en sorte que nos autorités entendent notre appel et agissent en faveur d’un système de rattrapage des examens.
Comme les rêves ne sont pas interdits, grâce à notre mobilisation, je me réveillerais peut-être demain matin avec un décret du gouvernement qui stipule que : “les candidats confrontés à des cas de force majeur peuvent bénéficier dès cette année d’une session spéciale de rattrapage dont les modalités sont fixées par arrêté du ministre chargé de l’éducation nationale”.
Ensemble, nous pouvons changer le cours de l’histoire éducative de notre pays.
Halimatou Bah
Militante pour l’environnement et pour les droits des femmes
[1] https://guineenews.org/derniere-journee-du-bepc-a-kankan-une-candidate-evacuee-durgence-a-lhopital-pour-accoucher/
[2] https://mosaiqueguinee.com/insolite-a-fria-une-candidate-au-bepc-accouche-ce-dimanche-et-decide-de-poursuivre-son-examen/?fbclid=IwAR05n53CHI3zP50ZjizV2GKm2hi0Bl7n0QFfxyLR_W2Hw4ufXG4JHmFKQDU
[3] https://www.change.org/p/ensemble-pour-l-%C3%A9galit%C3%A9-des-chances-le-droit-au-rattrapage-scolaire-en-guin%C3%A9e